Le Samouraï du Désert

Depuis des temps immémoriaux, l'école Azagawa formait pour le seigneur local les jeunes recrues pour son armée personnelle. La plupart finissaient par intégrer l'armée nationale, mais les recrues prometteuses restaient sous le service du seigneur local, Minamoto, qui était pressenti pour devenir, après la mort de l'empereur, le nouvel empereur. Intégrer dès à présent la garde rapprochée était donc un honneur et un bon investissement sur son avenir.

Le seigneur Minamoto était quelqu'un de bon, apprécié des populations qu'il gouvernait directement. Il avait fait bâtir des écoles, des greniers, protégé les cultures, utilisé toutes sortes d'astuces pour éloigner la sécheresse et le plus important : depuis son accession à la gouvernance locale, il n'y avait plus de bandit à l'intérieur de ses frontières. Toute la région était devenue un vrai petit paradis, et en tant que tel, la population s'activait à la rendre prospère.

Dans l'école Azagawa, deux jeunes gens Yamanashi et Shimane allaient passer leur examen final. Ils étaient pressentis pour entrer au service du seigneur Minamoto. Ces deux jeunes hommes se connaissaient depuis l'enfance et ont décider de lier leur destin à une cause commune. Ils avaient choisi la section spéciale de l'école, l'une des plus dures, avec un taux d'échec de près de quatre-vingt dix pourcent. Pour réussir, ils avaient du tout abandonner, famille, amis, et consacrer tout leur temps à leur entrainement.

Bien sur, ils réussirent haut-la-main cet examen et furent à même de rentrer dans la garde rapprochée dès leur premier jour de faction. Ainsi s'écoulait la vie, auprès d'un seigneur aimé et respecté, et dont la probabilité d'une agression était tout de même minime.

Alors qu'ils étaient sur le point d'être relevés, Yamanashi surprit un vieil homme en train de s'introduire dans le palais. Il courut vers lui, main sur la garde de son sabre afin d'intercepter le vieillard, Shimane sur ses talons.

Yamanashi : Monsieur, vous ne pouvez pas entrer dans la demeure du seigneur Minamoto.
Vieillard : Seigneur Minamoto m'attend. Je dois lui livrer sa commande.
Yamanashi à Shimane : Garde-le. Je vais vérifier.

Yamanashi entra dans le bâtiment et demanda à voir le seigneur.

Yamanashi : Monseigneur, un vieil homme souhaite vous rencontrer. Il nous a dit qu'il devait vous livrer quelque chose.
Seigneur Minamoto : Je n'attends rien. Renvoyez-le.

Le jeune homme retourna auprès de son collègue et constata que le vieillard n'était plus là.

Shimane : Il est parti, comme ça.
Yamanashi : Comment ? Pourquoi ?
Shimane : Je ne sais pas. Il a marmonné quelque chose, puis il a dit quelque chose comme "ça ne fait rien", et il est parti.
Yamanashi : Tu es sûr qu'il n'a pas cherché d'autres entrées ?
Shimane : Je l'ai vu passer la porte à l'instant.
Yamanashi : Bon... Allons nous faire relever. On ira boire un coup.
Shimane : Ouais ! Bonne idée !

Les deux jeunes samouraïs allèrent se changer pour aller en ville et profiter d'une soirée bien méritée. Installé dans un bar, ils burent et poursuivirent leur discussion, jusqu'à ce qu'ils se décident à rentrer à la garnison pour dormir. Un orage s'installa sur le chemin du retour, la pluie tombait drue et les deux amis se mirent à courir en titubant. Arrivés devant leur lit, après avoir essorés leur vêtements et les avoir mis à sécher, ils se couchèrent et s'endormirent.

La foudre tomba sur un arbre dans le jardin. L'alarme retentit à travers le domaine, mais ce n'était pas celle utilisée habituellement pour les incendies. Yamanashi se réveilla en sursaut, enfila ses vêtements, prêt à tout. Par la fenêtre, OV et KV éclairaient faiblement le ciel, quant à l'orage, il semblait dévorer le ciel et donnait un éclairage dramatique à la scène.

Des corps étendus sur le sol, c'est la première chose qui frappait Yamanashi. Il commença à crier pour réveiller son ami, mais il n'était déjà plus là. Pris d'une angoisse, Yamanashi se précipita dehors, sabre en main mais sans armure. Il courait parmi les cadavres des gardes. Combien les intrus étaient-ils ? Pourquoi ce massacre ?

Yamanashi couru en direction du manoir du seigneur Minamoto, tout en inspectant les cadavres en espérant ne pas y trouver celui de son ami. La boue l'avait fait déraper à plusieurs reprises, trébucher sur les corps. L'odeur métallique du sang imprégnait l'air, et c'est comme si l'orage ne déversait que ça : du sang. On dit que sous l'influence de KV, les gens devenaient violents, que c'était la lumière orange de l'étoile qui déclenchaient ça.

Yamanashi était dans un état lamentable lorsqu'il se présenta devant la porte d'entrée de son seigneur. Il lui était cependant impossible de l'ouvrir. Une lance sur laquelle était empalée deux gardes traversait celle-ci. Le jeune samouraï fit le tour de la demeure et entra discrètement par une fenêtre. Enfin, aussi discrètement que des semelles pleines de boue pouvait l'être.

Se débarrassant de ses chaussures, il avança prudemment, main sur la poignée de son sabre. On entendait au loin des cris, personne ne semblait proche. Yamanashi pressa le pas jusqu'aux cris. Il n'avait rencontré personne, ni reconnu parmi les corps celui de son ami. L'angoisse qui le tenaillait devenait insupportable. Il avait envie de hurler son nom.

Les derniers cris s'éteignirent. Il semblait que c'était ceux du seigneur lui-même. Yamanashi courut vers la chambre de celui-ci et ouvrit la porte avec fracas, et tant pis pour la discrétion ! Tout le monde était mort, il n'y avait plus rien à protéger, pas même sa vie. Le spectacle qu'il découvrit le laissa sous le choc.

Shimane tenait au bout de son sabre la tête du seigneur Minamoto.

Shimane : Ah, Yamanashi. Je t'attendais.
Yamanashi : Shimane ! Qu'as-tu fait ? C'était notre seigneur ! Notre futur empereur !
Shimane : Ah bon ? Eh bien, pour un empereur, il n'était pas très puissant.
Yamanashi : Pourquoi ? Et tous ces gardes morts ? Tu as fais ça tout seul ?!
Shimane : Ils étaient mous ! Je n'ai eu besoin que d'une main. Au début, j'allais utiliser mon sabre, mais finalement, ils étaient tellement nuls que j'ai utilisé les leurs. Je me suis bien amusé.

Le tonnerre grondait. Du sang répandu par terre, un être semblait en émerger. La tête du vieillard apparu.

Vieillard : Ah, je vois que tu as retrouvé ton ami, Shimane. Dis moi, ami de Shimane, vas-tu nous rejoindre ? Vois comme j'ai doté ton ami d'une puissance supérieur ! À vous deux, vous pourriez devenir invincible !
Yamanashi : Que lui as-tu fait ? Pourquoi il est comme ça ? Shimane, réagis !
Vieillard : Il ne réagira pas. Regarde.

Le vieillard plaça son cou sous la lame de Shimane. Celui-ci ne bougea pas d'un millimètre.

Vieillard : Tu vois ? Il m'obéit bien sagement. Tu aurais pu bénéficier aussi de cette puissance, et tu le peux toujours !
Yamanashi : Plutôt mourir.
Yamanashi fondit sur le vieillard et porta un coup en dégainant. Il éventra le vieillard qui mourut sur le champs. Ce dont le vieillard n'avait pas pris conscience, c'est que Shimane était d'une force brute mais que Yamanashi avait été recruté pour sa vitesse et sa précision. Shimane n'eut pas le temps de bouger pour sauver son nouveau maître.

Shimane : Eh bien, je crois que nous sommes tous les deux sans maître. Dis moi, Yamanashi, de nous deux, qui est le meilleur ?
Yamanashi : Cette question est ridicule. Pourquoi as-tu trahi le seigneur Minamoto ? Parce qu'un vieillard inconnu te l'a demandé ?
Shimane : Oh, il a fait mieux que ça ! J'ai maintenant la puissance de la Terre dans mes veines. Allez, mets toi en garde, que je teste ça sur quelqu'un de plus fort que cette bande d'incapable.
Yamanashi : Non, je refuse de me battre contre toi.
Shimane : Ah bon ? Pourtant je crois me souvenir que ton désir le plus cher était de préserver la paix établie par le seigneur... Bien, je vais aller tuer d'autres gens alors. On verra si tu refuses toujours de m'affronter. Je vais peut-être même commencer par tes parents, tiens.
Yamanashi : Tu n'es pas Shimane. Tu as son apparence, mais tu n'es pas lui.
Shimane : Non, en effet. Il est piégé. J'ai accès à ses souvenirs, à son corps. Mais il continue de vivre, il résiste. Pour combien de temps ? Nous verrons bien.
Yamanashi : Je trouverai un moyen de le libérer.
Shimane : Ahah, peut-être !

Shimane avait prononcé cette phrase pendant qu'il disparaissait, dans un nuage de sable. Seul, au milieu des cadavres, Yamanashi pleurait.

Quelques jours plus tard, Yamanashi avait fait son paquetage et se mit en route pour chercher des réponses. Ce vieillard, quelqu'un avait bien du le croiser. Quelqu'un devait savoir où il habitait. C'était actuellement sa seule piste. Il tendait l'oreille également aux bains de sang engendré par Shimane. Avec le temps, Yamanashi avait appris à sabrer les éléments. Même s'il n'était pas capable de couper un éclair en deux, il venait déjà à bout de flammes, se traçait une voie dans les rivières et arrêtait le vent.

Ayant appris que des atrocités avaient été commises dans le grand désert de Kester, il s'y rendit sur le champ. Arrivé sur place, il dû faire à une tempête qu'il arrêta de son sabre et se remis en marche. Peut-être que de nouvelles réponses allaient lui -être apportés ?