Naissance

Nous sommes en 2050. Tous les pays du globe étudiaient alors la capacité et les différentes possibilités d'emmenager sur une autre planète. Coloniser serait un terme plus exact. Les diverses forces en présence avaient tout mis en œuvre pour y parvenir, à en gâcher les ressources restantes qui se faisaient de plus en plus rare. Les vieux pays d'Europe se livraient une guerre sans merci, les frontières avaient été évacuées sur cinquante kilomètres et aucun pays ne songeait à envahir ces territoires déserts. Pourquoi l'auraient-ils fait ? Cette planète était condamnée. Le but économique d'alors était de s'emparer d'autres planètes, dans l'espace proche ou lointain.

Après la chute de l'organisation mondiale, déclenchée par les ingérences des entreprises privées dans les secteurs publics, la défiance des peuples dans leurs gouvernements puis la corruption systémique qui avait sévi dans le monde, les nations commencèrent une purge intestine, réorganisant la société en fonction de ceux qui étaient "remplaçables", ou "non-essentiels", et ceux qui étaient considérés comme "indispensables", de part leurs fonctions, leur métier, leurs compétences.

Des conflits éclataient régulièrement dans les plus grandes villes, des zones de non-droits avaient été établies, en priorité dans les quartiers sensibles et les zones en revitalisation. La bourgeoisie et les élites de ce monde s'apprêtaient à partir en conquête, tels des néo-coloniaux. Quelques années auparavant, les transhumanistes avaient pris le pouvoir afin de réduire les besoins de l'Homme en terme de nourriture, d'eau potable, en s'efforçant de remplacer les organes par un ensemble de machinerie et l'électronique assurant une longévité accrue due à la raréfaction de l'oxydation des tissus dans l'organisme. Les premiers à tester cette technologie furent des cobayes africains.

Les géants de la technologie composés majoritairement d'un triumvirat Américain prirent en otage le continent Africain pour leurs tests en toute discrétion. Les journalistes d'alors furent grassement payés pour détourner les yeux du phénomène et une vague d’immigration sans précédent atteignit la Russie et la Chine, puis les pays Arabes. Sous l'effet de cet important exode, les pays Africains amorcèrent une "union des pays noirs" composée de toute l’Afrique subsaharienne, excepté l'Afrique du Sud. Quelques millions de morts plus tard et après une subtile ingérence de la Russie, l'Afrique s'est entièrement rassemblée sous le nom de "République Fédérale et Autonome d'Afrique" (RFAA). Madagascar et tout l'archipel de l'océan Indien rejoignirent cette nouvelle entité, reprenant de fait leur indépendance vis à vis des états souverains d'alors.

Les combats furent sanglant et les pays usèrent d'innombrables ressources en orchestrant ces massacres. L'Afrique, malgré cette hécatombe était le continent qui avait été le moins pillé. La Russie, la Chine et le Nouveau Califat Arabe (NCA) créèrent leur propre bloc économique soutinrent vivement la RFAA. Les pays d'Europe et les États-Unis n'avaient plus les ressources nécessaires pour continuer leurs expérimentations.

En Scandinavie, l'Union de Kalmar (composée du Danemark, de la Suède, de la Norvège et de l'Islande) venait d'accueillir au sein de leur union la Finlande, l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie. La Pologne, qui a également demandé d'entrer au sein de cette union se vit refuser son entrée. Elle a donc rejoignit l'Union Slave, composée de la Nouvelle République Yougoslave, de la Roumanie et de la Bulgarie. Les Grecques se rapprochèrent de Malte, Chypre et tous scellèrent des accords avec la Turquie. Tous entretienaient des relations équilibrées avec le bloc Sino-Russe.

Le Japon quant à lui se rapprocha des pays d'Amérique du Sud. Après l'unification de l'Afrique, les pays d'Amérique du sud et centrale durent faire face à l'ingérence Américaine pour exploiter les ressources. Le Japon, ayant pris le parti de rejeter toute forme d'expérimentation non éthique, avait en secret fabriqué des bâtiments de guerre de classe A-150, grandement améliorés par la technologie et les matériaux actuels, fournis par les pays Latino-Américains. C'est ainsi que sur toutes les côtes d'Amérique Nord et Sud, les navires nippons patrouillaient et contrôlaient directement les eaux internationales : à bord de ces gigantesques navires, des amiraux japonais, vétérans ou jeunes officiers et des équipages latino-américains. Les mexicains fournissaient le pétrole, les chiliens, les péruviens et les argentins des matériaux, les brésiliens, vénézuéliens et colombiens des troupes.

Ce fut dans ce contexte que de multiples rébellions virent le jour. Des civils, désignés comme "êtres substituables" prirent les armes, élirent leurs leaders, et créèrent, non sans efforts, une coalition internationale. Des communautés s'installèrent et commencèrent à créer des micro-nations. Les paysages nationaux virent naître dès lors une constellation d'indépendantistes non reconnus et entrant en conflit direct avec les grandes sociétés nationales.
En pleine résistance, ces micro-nations encouragèrent la recherche clandestine, la modération des déclarations gouvernementales dans lesquelles elles étaient implantées. C'est précisément à cet instant que tout bascula. Le Dr. Boris Zubrov, au sein du bloc Sino-Russe venait de trouver une méthode efficace pour stabiliser une atmosphère sur une planète à forte gravité. Avec des éléments importés, comme de la terre, de l'eau et des plantes, il serait même possible de coloniser Mars. Le procédé est simple : ajouter au noyau déjà existant de la planète une solution faisant réduire une partie du fer existant et non réduit, ce qui entrainerait une accélération des éléments et remettrait la planète en "état de marche". Le procédé est toutefois risqué : Cela peut entrainer l'irruption de volcans, le mouvement de plaques tectoniques non découvertes ou même créer des affaissements sur la planète.

Le Dr. Zubrov fut retrouvé assassiné quelques jours après sa découverte.

Le professeur Abraham Stewd de l'université d'Harvard mit quant à lui au point une solution de voyage dans l'espace en stabilisant les molécules humaines même lancées à grande vitesse. Ce procédé inhibe totalement l'effet centrifuge, ce qui permet de lancer un nourrisson à Mach III sans aucun effet sur sa santé.

La professeur Stewd est retrouvé assassiné quelques heures après le meurtre du Dr. Zubrov.

Un officier Allemand, le Brigadegeneral Heinrich Horlsz assistait à l'entrainement matinal lorsqu'un violent orage éclata. Une tempête d'éclairs s'abattit sur le terrain et sur les baraquements, déclenchant des incendies sur toute la base. Pris au piège, un tiers de sa brigade fut tuée et le Brigadegeneral Horlsz, renvoyé. Ayant refusé d'assumer la responsabilité de ces morts, il mena une enquête rigoureuse et découvrit des laboratoires technologiques ayant mis au point une machine à impulsion de pression. Cette machine utilisait le même système qu'un gonflement de pneumatique mais, relâchée violemment dans l'atmosphère, cette pression modifie le climat sur une zone de cent mètres de diamètre.

Le Brigadegeneral Horlsz fut capturé et éjecté dans l'atmosphère. La pression fut tellement forte qu'une fine pluie de particule s'abattit sur la ville ciblée, si bien que la population, victime d'une attaque de foudre violente ne se rendit pas compte qu'il y avait également des morceaux d'être humain parmi l'orage.

En Angleterre, à Londres, le chercheur Oliver LLyron découverit comment inverser le phénomène de spaghettisation à l'intérieur d'un trou noir. Son équipe et lui-même, ayant travaillé sur le sujet depuis plus de trente années, avaient étayé un système mathématique et défendu celui-ci dans un livre théorique.

Avant que le chercheur LLyron n'ait pu le mettre en place, il est retrouvé mort, la partie haute de son corps complètement dénudé de sa chair et le bas tout à fait intact. Les nerfs, encore actifs faisaient tressauter ses membres inférieurs.

Ces quatre événements ne furent jamais relayé dans la presse comme ayant un seul et même commanditaire. En réalité, la mort de chacun d'eux est passée complètement inaperçu. Le coupable, un français du nom de Jérémy Leplin, agent des renseignements Français, prit quelques libertés contre ceux qu'il estimait être des concurrent un peu trop sérieux dans la course à l'univers. Ayant volé les technologies et les plans théoriques, il créa, sur "ses" deniers, un réseau de chercheurs, d'inventeurs, de scientifiques afin d'assembler ces quatre technologies. Cette assemblée portait le nom officieux de Consortium des Sciences Unies (CSU).

Après quelques mois de travail acharné et des exécutions sommaires orchestrées pour "faire avancer les autres plus vite", un premier projet fut testé. L'expérience aboutit à la destruction des locaux et la mort de la moitié du personnel. Après de nouvelles exécutions sommaires, un second projet fut lancé. Un canon à trou noir à pression modifiée, alimenté par fusion directe au magma était alors créé. Le CSU, dans un esprit de rébellion, orienta le canon directement sur leur chef hierarchique. Au lancement, tout avait bien fonctionné, le canon fit son travail correctement. Un trou noir fut propulsé, avalant instantanément l'agent Leplin. La pression accrue ne suffit cependant pas à stabiliser le trou noir, mais la technologie de stabilisation des molécules humaines, intégrée directement au trou noir le rendit autonome. De plus, un autre phénomène imprévu apparu.

La technologie du chercheur LLyron n'avait pas été intégrée correctement à l'artillerie. Le trou noir commença alors par dévorer non seulement l'espace mais aussi le temps. L'effet aspirateur ayant été inhibé, le trou noir voyageait au gré des courants et du mouvement autour de lui. On constata néanmoins un effet ralentisseur sur tout ce qu'il approchait, puis un figement total avant que le trou noir n'engloutit directement le sujet. Ce trou noir, baptisé d'abord TN-01 fut rapidement renommé TN-666 lorsque les scientifiques s'aperçurent qu'ils ne pouvaient pas le refermer. Flottant près des murs du laboratoire, il disloqua le bâtiment, dévora la matière, grossit et s'enfuit.

Tout ce qui passa autour de lui fut ingéré et donna l'occasion à TN-666 de grossir, encore et toujours. Plutôt que de s'envoler et de rejoindre l'espace, il navigua en fonction des courants d'airs chaud ou froid, si bien qu'il préleva une bonne partie des océans, avant d'être propulsé en l'air par un volcan sous-marin, puis grignota quelques avions et ses passagers, et enfin sous l'effet du froid polaire, revint lécher la banquise.

Lors de leurs essais pour le faire disparaitre, les scientifiques utilisèrent le canon à pression pour déclencher des orages violents et refermer le trou noir par compression énergétique. Le trou noir disparut quelques minutes, puis réapparut, plus gros encore. TN-666 venait d'acquérir le voyage à travers le temps. Par intermittence, il disparaissait et réapparaissait, toujours plus gros.

Un jour, il engloutit la Terre, et ce fut la fin de l'humanité telle que nous la connaissions. Mais comme le disait Lavoisier : "Rien ne se perd, tout se transforme." Dans un espace temps inconnu, sur une planète lointaine, dans un désert de sable, une personne marche.