Brouillon. Qualité médiocre. Ne mérite pas de figurer dans un livre.

Lettre de Lilith à Adam

Mon cher Adam,

Pardonne-moi cet abandon. Je n'ai pas été présente pour toi, et j'ai été punie bien sévèrement. Privée de toi, privée de ma vie, privée de mon existence mortelle, me voilà élevée au rang de démon. Je n'ai jamais choisi cette voie, elle a été tracée là bien avant que nous nous rencontrions, bien avant que je n'apprenne à te connaître, bien avant que celui-ci ne nous sépare.

Je sais que cela peut sonner comme des prétextes à toutes mes maladresses, à tous mes écarts, mais je te jure qu'il n'en est rien. Regarde où j'en suis, regarde où tu en es. Le seul regret que j'ai, c'est de n'avoir pu t'aider à t'élever aussi haut que ce que j'espérais pour toi.

L'orgueil m'a perdue. La luxure m'a perdue. La colère m'a perdue.
Je me complaisais à ne pas évoluer car je pensais qu'il suffisait que tu me fasse grandir, j'avais tort. Cette lettre n'atteindra jamais l'outre-tombe, aussi, je l'écris dans l'espoir vain que les mots couchés sur ce papier parviennent à ton âme.

L'église est désormais démolie. Cette même bâtisse qui nous accueillait métaphoriquement, et où nos coeurs s'allongeaient en écoutant le chaos tourbillonner et le fracas des flocons de neige sur le sol meurtri d'engelures. Je m'y rends régulièrement mais seul mon coeur s'y trouve encore mais ne s'y repose plus. La neige à envahi la nef et seule la mort répond à l'écho des battements de mon coeur. Celui-ci se fait de plus en plus faible, mais refuse de mourir !

Quel malheur que je ne puisse te rejoindre. J'aimerais mourir. J'aimerais te retrouver. J'aimerais que cette robe rouge fleurte à nouveau avec l'herbe du printemps, la poussière de l'été, les pluies d'automnes et la neige d'hiver. Ces saisons nous appartenaient, le temps nous appartenait et nous n'avions alors qu'à nous soucier du bonheur, mais je l'ai refusé.

Aujourd'hui, le temps ressemble à un ennemi. J'ai beau me rappeler tes paroles, ta voix s'efface lentement de ma mémoire et le temps semble alors suspendu, infini, ainsi que mon coeur à tes lèvres. Je dépose cette lettre sur ta tombe, où plutôt sur celle de ce que notre relation fut. Je n'en ai pas fait le deuil, car j'en suis incapable.

J'ai hâte de mourir pour te prouver mon amour.

Lilith.