De l'ordre des choses

Mon alter-ego, situé aux tréfonds de ma tête est venu me perturber ce matin. Il venait de confondre civilisation et société.

- Tout est civilisation, me disait-il, et malgré tout, nous ne sommes que des animaux perdus et jouant dans un grand théâtre pour maintenir ce semblant de réalité. Si un jour, un seul jour, on laissait tomber les apparences, on verrait ce pays tomber sous la débauche, le meurtre et/ou le vice.

- Je ne suis pas sur, lui répondis-je. Il me semble un peu trop facile de définir l'être humain comme un bâtisseur par mode et un destructeur par nature. Je pense qu'il est préférable de modérer cette affirmation par le fait que nous ne vivons pas en civilisation mais en société. La civilisation ne serait alors finalement qu'un paravent culturel et la société un mode de vie défini pour notre race animale.

- Non, je réfute totalement cette hypothèse. Des exemples de relâchement, il y en a plein. Combien cette année arrêté pour meurtres, viols, arnaques en tout genre ? Combien sont encore entrés au gouvernement ? Nous vivons en cycles et celui-ci arrive a son terme. Il n'y a rien à faire, il faut l'aider à se terminer.

- L'aider à se terminer ? Suggérer de participer à ce genre d'exactions n'est certainement pas une bonne idée. Sais-tu seulement les dégâts du remords ? Le poids à porter d'une vie qu'on retire ? Le poids de la douleur que l'on fait porter aux autres, lorsqu'on arrache un membre à une famille ? Et on ne parle pas encore de rêves contrariés, de vengeance inassouvies, et tout cela simplement au nom de rêves brisés. On ne peut décemment pas condamner tout une race pour une faute commise. Nous, humains avons largement fait cette erreur. L'exemple flagrant, c'est la disparition du loup. Nous avons occupé tout son espace naturel pour y implanter nos troupeaux et transformer ces espaces en pâturages. Quand le loup est venu se nourrir, nous avons estimé qu'il était préférable que celui-ci disparaisse, sans jamais nous demander pourquoi il était là.

- Encore une preuve, finalement que nous ne sommes que des nuisibles sur cette Terre. Nous chassons le loup carnivore pour dominer le monde carnassier. Nous avons simplement copié ce qui était important pour nous, c'est à dire la structure sociale, l'asservissement des uns pour le confort de l'autre, puis nous avons chassé les espèces qui nous faisaient du tort sur la base de quoi ? Du fait qu'elles voulaient se nourrir et réclamaient le droit de vivre.

- C'est indéniable. Le comportement humain vis-à-vis des animaux ou même de son environnement est cruel et inqualifiable. Faut-il pour autant arrêter de manger de la viande ? Faut-il arrêter de porter le cuir ? N'est-ce pas extrême comme comportement ? N'est-ce pas là pour justifier, encore une fois, une mode et un comportement millénaire ? Prétendre avoir atteindre un savoir faire et une culture suffisante pour se passer des animaux me semble bien paradoxal. Néanmoins, je modèrerai tes propos concernant la copie de l'important. J'ai observé de plus près la monarchie humaine et animale. Je n'y ai rien vu de comparable. Les reines abeilles et fourmis me semblent plus prisonnières que reines. Elles semblent enchaînés au métier de progénitrice et n'ont que cette place. Nourries de force, maintenues en vie de force puis exilés ou abattues lorsqu'elles ne sont plus assez bonne pondeuses. Avons-nous seulement fait cela avec nos rois et reines ? Même encore maintenant, alors qu'un président se prend pour un roi ou un empereur (lui-même ne semble pas arriver à choisir), le peuple tremble, le peuple a peur. Cela n'a absolument rien à voir avec les fourmis et les abeilles. Si on prend le cas des meutes, comme le lion ou le loup, ceux-ci font office de protecteur et de guide dans la survie. S'ils devenaient sédentaires, nul doute qu'ils succomberaient à nos travers, mais tant qu'ils sont en danger, ils sont d'un secours non négligeable pour leur espèce.

- Donc il nous faut une bonne guerre ! Remettre encore la survie de notre espèce en jeu. Terminer le cycle !

- Non ! Cela se ferait au détriment de millier d'espèces, encore ! Cela se ferait au détriments d'innocents. Cela ne mettrait jamais les coupables au centre de l'arène. Ils continueraient à tirer les ficelles et rendre les gens malheureux. La seule solution, si une guerre éclate, seraient que les gens, militaires en premier, refusent de participer. Que les civiles refusent d'aller à l'usine. Que le peuple s'unisse pour dire aux responsables : "Allez-y, puisque vous y tenez. Nous nous y refusons." Les responsables rétorqueront que notre espèce est en danger, que l'ennemi va nous envahir. Il fera planer la peur sur nos familles, sur nos enfants. Il faudra que le peuple se souvienne que nos responsables n'avaient pas peur de nous utiliser comme cobaye pour leurs expériences, vaccins, nourriture transformée, vente de cigarette, réseaux sociaux, mise en pratique de l'expérience de Milgram, abreuvement en continue d'informations délétères. L'État, peu importe lequel, n'est pas notre ami. S'il se prétend tel quel, c'est qu'il ment.

- Donc, c'est un appel à l'assassinat ? Devons nous tuer nos dirigeants ?

- Certainement pas. Tuer, c'est s'abaisser à leur niveau. Si nous refusons simplement de les reconnaître comme tel, si nous propageons cette mode, leur pouvoir diminuera. Un dieu n'existe que parce qu'il a des fidèles. Un gouvernement n'existe que parce qu'il existe un peuple pour le reconnaitre. Cela, tout le monde semble l'avoir oublié. Tournons simplement le dos aux dirigeants qui ne méritent pas qu'on les reconnaisse comme tel. Propageons simplement l'idée ci : "Est-ce que si je donnais un revolver chargé à cet homme ou cette femme, serait-je en confiance ?" Si oui, alors cette personne est digne de confiance, sinon, ignorons-la simplement. Nous devons vivre et laisser vivre. Peu importe qu'il s'agisse de loup ou d'homme. Apprenons à nous défendre, pas à nous venger.

Le théâtre de la civilisation doit cesser, c'est un fait. Il n'a apporté que des ennuis, des morts, de la pauvreté pour enrichir toujours plus un petit groupe d'oligarques. Combien de peuples souffrent aujourd'hui de ces dirigeants ? L'ordre des choses ne serait pas simplement d'abandonner ce qui ne nous convient pas ?